Je ne sais pas si vous l’avez remarqué, le photographe, c’est un peu comme le jardinier : quand il y en a un dans un film policier, c’est toujours lui le coupable ! 😀
Alors certes, des mauvais photographes il y en a un certain nombre :
Celui ou celle qui voudra vous faire sourire à pleines dents à tout prix alors que vous n’aimez pas votre sourire
Celui ou celle qui insistera lourdement alors que vous avez déjà mis vos deux mains devant votre visage
Se faire photographier, c’est donner un peu de soi. Et pour que cela fonctionne, il faut être consentant !
Outre certains peuples qui pensaient il y a encore assez peu de temps que prendre une photo volait l’âme, la photo est devenue extrêmement anodine pour la plupart des gens.
Il n’en demeure pas moins que certains vivent la prise de vues comme une sorte d’intrusion dans leur espace personnel, presque comme une agression.
Le vocabulaire associé n’y est peut être pas pour rien : On « recharge » sa batterie, on se met à « l’affût » pour finalement … « shooter » quelqu’un ! On se croirait presque à une partie de chasse !
Contrairement au portrait posé, dans le cadre d’un reportage, le photographe documente un événement.
Les participants ne se rendent pas nécessairement compte qu’ils sont photographiés. Alors parfois, au naturel, sans artifice, sans se demander ou mettre ses mains, sans le sourire crispé qui semble accroché au visage… on peut se trouver bien, mais il ne faut pas se mentir c’est assez rare.
Il n’y a rien à faire! Vos proches ont beau vous dire que vous êtes au top sur cette photo, qu’elle vous ressemble, vous ne vous reconnaissez pas dessus et ça ne vous plait pas !
Les seuls moments où l’on se voit réellement sont les brefs passages devant un miroir.
A la différence d’une photo, un miroir vous renvoie une image faussée, pour 2 raisons principales:
Un miroir envoie une image inversée, ce qui veut donc dire que ce que l’on voit tous les jours devant un miroir est…. à l’envers ! La partie gauche de votre visage apparaît donc à droite et… inversement ! A savoir qu’en plus, un visage n’est jamais réellement symétrique.
On reproduit l’image de nous qui nous paraît la plus agréable : inconsciemment, on fait la tête que l’on a envie de voir pour nous accepter au mieux avec des expressions qui nous conviennent. Un léger sourire ? le visage de ¾ quart ? Les yeux mi-clos ? Mais cette posture là, nous ne la tenons pas toute la journée. Par conséquent, ce n’est pas comme ça que notre entourage nous voit !
C’est pour cette raison qu’à choisir entre se faire prendre en photo par un photographe ou devant une borne de type Photobooth lors d’un évènement d’entreprise, la plupart des personnes préféreront la borne, pour maitriser leur image sur l’écran avant de … « shooter ».
Au même titre que les tout premiers photographes appelaient parfois leurs sujets des « patients » (tant cela s’apparentait à une sorte de thérapie de se voir pour la première fois autrement que par son propre reflet), il existe aujourd’hui des photographes qui se spécialisent dans ce domaine. La thérapie-photo a le plus souvent pour but de combattre un complexe, retrouver l’estime de soi ou de se ré-approprier son corps avec une maladie par exemple.
Le selfie à un effet miroir puisqu’il permet de la même manière de « maitriser » ses mimiques, son image. C’est sans doute une des raisons du succès de ces autoportraits 3.0 .
Fort heureusement, tout le monde est différent et il est plutôt agréable de voir que certains ont plaisir à se voir en photo !
Vous l’aurez compris, le regard que l’on porte sur soi est légèrement faussé.
Quand on le sait, reste à l’accepter, certes, mais franchement… est-ce si grave? 😉